La faible volatilité devient paradoxalement un facteur de risque

Les marchés affichent une tranquillité inhabituelle, rendant Wall Street fébrile. Les actions ont poursuivi leur ascension, le S&P 500 gagnant 14% à mi-2024 et atteignant 29 records en chemin. Les fluctuations journalières de l'indice de 1% ont été rares, avec une seule variation de 2%. L'indice de volatilité VIX a chuté sous 12 la semaine dernière, un niveau jamais vu depuis cinq ans. Ce baromètre de la peur, qui reflète le coût des options de couverture contre les baisses boursières, indique une faible attente de fluctuations par les traders.


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L'optimisme règne parmi les investisseurs et les analystes considèrent cela comme justifié. L'économie a dépassé les attentes, restant robuste malgré la hausse des taux d'intérêt de la Fed. Les bénéfices des entreprises augmentent, l'inflation a ralenti plus que prévu dans le dernier rapport sur les prix à la consommation, et la Fed envisage de réduire les taux directeurs cette année. L'essor de l'intelligence artificielle profite à des géants comme Apple et Nvidia, contribuant à l'euphorie du marché. Cependant, l'histoire montre que ces périodes de calme extrême ne durent pas.

Le VIX avait atteint des niveaux similaires entre 2005 et 2007 avant de dépasser 80 lors de la crise financière de 2008. Un environnement de marchés calmes et d'une économie forte encourage les investisseurs à se tourner vers des investissements plus risqués, à la recherche de rendements élevés, créant ainsi des bulles qui éclatent lorsqu'une tempête survient. Depuis la fin de 2022, le marché haussier est tiré par quelques grandes valeurs technologiques. Bien que le marché se soit élargi en début d'année, la concentration des gains s'est resserrée récemment, ce qui inquiète certains investisseurs. Si le S&P 500 était équipondéré, il aurait baissé ces 30 derniers jours, mais l'indice pondéré par la capitalisation est en hausse de 4%. Les 10 plus grandes actions représentent 36,8% de la valeur totale de l'indice, un record depuis septembre 2000. Cette concentration rend le marché vulnérable si ces entreprises déçoivent. Une telle disproportion masque de nombreux problèmes sous-jacents. Le marché est actuellement plus guidé par la cupidité que par la crainte, mais cela fragilise la situation à long terme.


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La faiblesse des volumes de transactions avec le SPDR S&P 500 ETF enregistrant ses 14 journées les plus creuses en mai et juin, montre un manque de conviction des investisseurs. Pour une progression saine du marché, une répartition équilibrée et des volumes solides sont nécessaires, ce qui manque actuellement. 



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Les faibles mouvements des marchés boursiers sont partiellement dus à la stabilité des rendements obligataires, avec le rendement du Trésor à 10 ans oscillant autour de 4,2%. Une variation significative des rendements obligataires influencerait les valorisations des actions. Actuellement, le S&P 500 se négocie à 21 fois ses bénéfices prévus, au-dessus de la moyenne de 10 ans de 18,1. Des multiples historiquement élevés rendent les actions plus sensibles aux mauvaises nouvelles. Toutefois, les analystes notent que, contrairement au début des années 2000, les plus grandes entreprises aujourd'hui sont rentables et disposent de bilans solides. Comparativement aux années précédant la crise de 2008, les entreprises et les particuliers sont moins endettés. 

Les tensions géopolitiques, notamment les guerres en Ukraine et au Moyen-Orient, augmentent les risques car c'est l'incertitude qui effraie le plus les investisseurs. Souvent c'est un choc externe, un « cygne noir », qui provoque une déstabilisation. Espérons que celui-ci ne se manifeste pas prochainement…

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Sentiment du marché et finance comportementale : U...
 

Commentaires 1

Invité - Smain le Mercredi 19 Juin 2024 05:36
Merci

Bonjour ! Merci pour ce partage

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Dimanche 3 Novembre 2024

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